précédent

Examen de la législation en radiodiffusion et en télécommunications

prochain

Avis de consultation de radiodiffusion CRTC 2019-90 - Phase 1

nouvelles | 7 MAI 2019

Lettre au Président de Téléfilm Canada

L’industrie québécoise du cinéma fait front commun et réagit aux congédiements à Téléfilm Canada dans un courrier adressé au Président de Téléfilm Canada, Monsieur G. Grant Machum :

Montréal, 2 mai 2019

Monsieur G. Grant Machum
Président par intérim du conseil d’administration
Téléfilm Canada

Objet : Le congédiement de Roxane Girard, Michel Pradier et Denis Pion

Cher Monsieur Machum,

Nous vous écrivons aujourd’hui pour vous faire part de notre très grande inquiétude à la suite de l’annonce de la décision de la direction générale de Téléfilm Canada de congédier trois de ses principaux directeurs. Nous n’avons certainement pas à vous rappeler la mission de Téléfilm Canada, soit de favoriser et de promouvoir le développement de l’industrie audiovisuelle au Canada. En congédiant Michel Pradier et Roxane Girard, respectivement directeur du financement et des projets et directrice des relations d’affaires et de la coproduction, ainsi que Denis Pion, directeur de l’équipe information, performance et risque qui combinent ensemble plus de 60 ans d’expérience au sein de l’institution, c’est non seulement la tête dirigeante de Téléfilm qui est décapitée, mais également sa mission et sa raison d’être qui sont mises en danger.

Tous les intervenants de l’industrie du long métrage du Québec se désolent de la perte de cette expertise unique au sein de votre organisme. Michel Pradier et Roxane Girard avaient su établir avec les producteurs, les scénaristes, les réalisateurs, les distributeurs et les associations du milieu un sain dialogue basé sur la confiance et la transparence. Nous nous interrogeons sur la volonté de votre organisme de maintenir ces liens si nécessaires à la pérennité et à la croissance de notre industrie.

Michel Pradier et Roxane Girard consacraient tout leur talent et leur expérience à faire valoir nos longs métrages sur la scène nationale et internationale. Les succès de nos productions et de nos créateurs sont d’ailleurs la manifestation concrète des efforts qu’ils y ont consacrés. Ils ont été des partenaires précieux et des ambassadeurs remarquables de notre cinématographie. Que cette décision intervienne quelques semaines avant la tenue du Festival de Cannes, nous semble d’autant plus inexplicable que le soutien et l’expertise de Téléfilm y sont déterminants. C’est la combinaison de leur expertise, de celle de la SODEC et du talent des producteurs et des créateurs québécois qui ont permis à nos films de rejoindre leur public et de rayonner dans les événements les plus prestigieux, que ce soit les Oscar, les César, les festivals de Cannes, de Venise ou de la Berlinale, sans compter leur performance remarquée aux derniers Prix Écrans canadiens.

Vous savez comme nous que Téléfilm Canada souffre d’un manque de financement important et que tout le milieu cinématographique s’est mobilisé pour demander une injection de fonds additionnels de 50 millions de dollars, démarche qui n’a pas été fructueuse jusqu’à présent. Cette demande, appuyée par tout le milieu de la production cinématographique au Canada, a été élaborée conjointement avec les équipes de Téléfilm Canada, très au fait de leur manque criant de moyens pour répondre à l’effervescence de création cinématographique, particulièrement au Québec. Depuis plusieurs années, les équipes d’opérations de Téléfilm ont travaillé sans relâche pour préserver un équilibre dans la production de langue française au Québec jusqu’à la crise que nous connaissons aujourd’hui, alors que Téléfilm voit sa capacité d’engagement pour l’année financière 2019-2020 réduite avant même qu’elle n’ait débutée. Si la direction de Téléfilm Canada tente de faire porter l’odieux de ce manque de financement à trois personnes de la direction, c’est honteux et indigne. Toutes les décisions prises ces dernières années ont été entérinées par la haute direction et le conseil d’administration a pour sa part, entériné ces actions en approuvant à chaque année le rapport annuel et les états financiers.

Nous avons accueilli positivement la nomination de Christa Dickenson à la direction générale de Téléfilm Canada, malgré son inexpérience dans notre industrie, en sachant qu’elle allait être entourée d’une solide équipe qui a fait ses preuves, et ce, dans une organisation qui avait été impeccablement gérée par la direction précédente. Nous sommes consternés de voir que la directrice générale a choisi, moins de neuf mois après son arrivée en poste, et sans consulter l’industrie, de se priver de ressources qui lui sont essentielles.

Nous nous interrogeons sur les raisons qui ont permis au conseil d’administration de Téléfilm Canada de sanctionner une décision qui la prive d’une expertise si précieusement acquise au fil des ans. Comment peut-il accepter que trois personnes subissent les contrecoups de décisions prises et sanctionnées dans le passé par la haute direction? Nous exigeons des explications rapides et claires sur les raisons qui poussent la direction de Téléfilm Canada à fragiliser ainsi l’institution dans un moment de crise financière où elle n’a pas les capacités de répondre à sa mission et où, de façon inexplicable, elle décide de se priver des personnes les plus compétentes pour l’aider à se relever.

Le conseil d’administration, tout comme la direction générale, doivent répondre à l’industrie de ces décisions incompréhensibles de façon transparente et dans les plus brefs délais. Un renvoi au service de communications de Téléfilm sous prétexte que le conseil d’administration ne s’occupe pas de régie interne ne sera pas satisfaisant. La situation critique actuelle exige que le conseil d’administration prenne ses responsabilités et réponde des actions de la société.

Dans l’attente de vous lire, nous vous prions d’agréer, Monsieur Machum, nos sincères salutations.


Signataires :

•    Alliance québécoise des techniciens et techniciennes de l’image et du son (AQTIS)

•    Association québécoise de la production médiatique (AQPM)

•    Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ)

•    Québec Cinéma

•    Regroupement des distributeurs indépendants de films du Québec (RDIFQ)

•    Regroupement des producteurs indépendants de cinéma du Québec (RPICQ)

•    Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC)

•    Table de concertation de l’industrie du cinéma et de la télévision de la Capitale-Nationale

•    Union des artistes (UDA)

Copie conforme :

•    L’Honorable Monsieur Pablo Rodriguez, Ministre du Patrimoine canadien

Et aux membres du C.A. de Téléfilm Canada :

•    M. Claude Joli-Coeur

•    Mme Marie-Linda Lord

•    Mme Étoile Stewart

•    Mme Angèle Beausoleil

retour aux actualités

autres nouvelles