Communiqué de presse
Le métier de documentariste menacé? Une équipe de recherche de l’UQAM dévoile un rapport sur les conditions de cette pratique de création.
Montréal, le 8 décembre 2020 – Une équipe dirigée par la cinéaste et professeure de l’École des médias de l’UQAM Diane Poitras et le professeur à l’École des médias Marc Ménard, en partenariat avec l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ), dévoile les résultats d’une recherche sur l’état de grande précarité de l’exercice du métier de documentariste au Québec. Cosignée par Nathalie Trépanier et Bruno Boulianne, tous deux cinéastes documentaristes et membres du Comité documentaire de l’ARRQ, de même que par Fanie Pelletier, documentariste, étudiante à la maîtrise en communication à l’UQAM, la recherche a été menée dans le cadre du Service aux collectivités de l’UQAM.
La question du financement
Les institutions de financement consacrent de moins en moins d’argent aux documentaires, diminuant le nombre de productions et leur budget. Cette situation a pour conséquence d’affecter les conditions d’exercice du métier : une diminution des salaires, des contraintes de temps, un sentiment d’épuisement, ainsi qu’une propension à effectuer des tâches multiples, souvent de façon bénévole. « Les revenus des documentaristes varient considérablement au fil des années, parfois même en cours de production, puisque la durée d’un projet fait aussi fluctuer leur salaire », explique Diane Poitras. « Il faut leur assurer de meilleures conditions économiques dans un contexte où l’endettement constitue souvent une condition inévitable pour continuer à exercer ce métier », poursuit–elle
Un métier exigeant et précaire
La recherche montre à quel point le métier est exigeant et manque souvent de reconnaissance. Pourtant, souligne la professeure Diane Poitras, « presque toutes et tous sacrifient des pans entiers de leur vie personnelle, vivent dans une précarité financière quasi constante, renoncent aux protections sociales et n’envisagent pas la retraite ». Toutefois, ajoute-t-elle sur une note plus positive, « dans son ensemble, le métier procure le sentiment de contribuer à une construction de sens pour mieux comprendre les enjeux du monde contemporain, créant ainsi une impression d’utilité sociale ».
Dans le cadre de cette recherche, l’équipe a rencontré 26 réalisatrices et réalisateurs à travers le Québec et de tout horizon pour mettre en lumière les multiples réalités des documentaristes. « Nous avons accordé une attention particulière à une représentation, égale autant que possible, entre les sexes mais aussi entre les documentaristes demeurant dans différentes régions du Québec », explique Nathalie Trépanier. « Malgré certains avancements dans la recherche de parité, une mentalité sexiste perdure, aggravant les difficultés pour les femmes, notamment la conciliation travail-famille », précise Fanie Pelletier. « La dispersion des ressources sur le territoire, l’ampleur des frais associés au déplacement et la répartition géographique des sommes allouées par les institutions de financement à la production posent également problème », ajoute Bruno Boulianne.
Des recommandations
Le rapport met de l’avant plusieurs recommandations concrètes visant à provoquer des changements importants et ainsi améliorer les conditions socioéconomiques, les conditions de travail et la reconnaissance du métier de documentariste. Parmi les recommandations, mentionnons :
Mise en place par les institutions de financement et les télédiffuseurs de mécanismes assurant aux documentaristes – quels que soient leur origine ethnoculturelle, leur sexe, leur âge ou leur ancrage régional – des conditions équitables afin d’enrayer leur précarité;
Développement par la SODEC d’un programme destiné aux créatrices et créateurs, et non aux entreprises de production;
Création d’un groupe de travail avec les principaux intervenants et intervenantes du milieu documentaire, afin de trouver des solutions à court terme et de prendre des mesures correctrices visant à mettre fin à la situation de précarité dans laquelle vivent les documentaristes.
Ce rapport documente pour la première fois les conditions de pratique de la réalisation documentaire dans la province. Il complète une recherche en deux volets (quantitatif et qualitatif), dont la première partie, Le métier de documentaristes, une pratique de création menacée? Portrait des conditions de pratique de la profession au Québec en 2015, a été publiée en avril 2017.
Financement de la recherche
La recherche a bénéficié du soutien financier de l’ARRQ et de l’UQAM par le biais du Programme d’aide financière à la recherche et à la création, volet « Services aux collectivités ». La Faculté de communication de l’UQAM, le Programme français de l’Office national du film du Canada (ONF) et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) ont également contribué par des subsides complémentaires.
Consulter le rapport cliquez ici
*La chercheure principale Diane Poitras est disponible pour des entrevues.
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Source : Julie Meunier
Conseillère en relations de presse
Division des relations avec la presse et évènements spéciaux
Service des communications, UQAM
Cell. : 514 895-0134
meunier.julie@uqam.ca